Woman's Wear Daily et... Café froid. [Rv. Brook']

Anna débarqua dans le bureau après son passage éclair parmis les bureaux des rédacteurs, et balança son trench noir Burberry et son sac Muse d'Yves Saint Laurent sur le bureau de Deena. Elle ne salua personne, et alla s'enfermer dans son propre bureau, histoire de commencer la journée au calme. La presse de la journée était disposée sur son bureau, et Anna s'empressa d'ouvrir le numéro du Woman's Wear Daily, dont elle se déléctait chaque matin. Mme Cooper, captivée par sa lecture, posa machinalement sa main sur le gobelet en carton Starbucks, et lâcha brusquement son journal avant de lâcher un soupire d'agacement. Elle se leva, et décrocha le téléphone fixe de son bureau, composant nerveusement le numéro du bureau des assistantes. Elle entendit le téléphone se décrocher, et se lança dans un monologue, d'une voix légèrement dépitée.

- Ecoutez, qu'est-ce que vous voulez que je fasse d'un café froid? Plus sérieusement, combien de fois est-ce que je vais devoir vous répeter que mon cappuccino doit-être avec PEU de crème, et CHAUD! Je vais finir par croire que c'est de l'incompétence, ou de la mauvaise volonté. En tout cas, ni l'un, ni l'autre n'est désirable pour votre carrière. Amenez moi un café, appelez Lauren Cook de chez Kenzo, dites-lui que Savannah a besoin d'une robe en mousseline en 75-58-80 pour la remise des diplômes de son collège, pour samedi DERNIER DELAI. Ah, et est-ce que vous avez des nouvelles de Terry Ridchardson? Il doit travailler pour nous le mois prochain, il faut qu'il passe ici signer son contrat. Ces artistes me fatiguent, vraiment. Dona?

Dona était le nom qu'elle donnait à Deena. Ce n'était ni de la mauvaise volonté, ni un réel oubli. Elle avait réellement interiorisé le fait que son assistante junior se prénommait Dona. D'ailleurs, il n'était pas garanti que cette dernière réponde au téléphone, Scarlett ou Brooklyn auraient tout aussi bien pu le faire. Mais ça, elle s'en contre-fichait. Elle avait autre chose à penser, comme un café chaud, par exemple. D'ailleurs, lors de son monologue, elle ne s'adressait à aucune d'entre elle en particulier, plutôt à la masse. Elle n'individualisait pas ses assistantes, qui, pour Mme Cooper, ne faisaient qu'une. Après tout, elles étaient toutes à son service, alors à quoi bon faire une différence? Elle faisait peut-être d'avantage confiance à Brooklyn, qui travaillait pour elle depuis presque trois ans, et qui avait toujours été plus ou moins efficace. Malgré tout, elle avait pour principe de ne faire confiance à personne, et bien qu'elle soit obligé de le faire à cause du nombre inconsidéré de travail qu'elle avait, elle ne pensait aucun de ses employés fiables à 100%. On lui avait fait trop de sals coups pour qu'elle puisse avoir une confiance aveugle en une personne, et dans ce métier, mieux valait-il ne croire qu'en soi-même.

Brooklyn était arrivée la première ce matin, comme à son habitude. Il fallait bien qu'elle brieffe les autres assistantes incapables avant l'arrivée de Mme Cooper, non ?! Et puis ça lui donnait encore une fois l'impression d'être plus qu'indispensable, et elle adorait ça. Courir en tous sens, abattre une dose de travail monstre en une seule journée alors qu'il faudrait une semaine pour un humain normalement constitué. Mais pour bosser ici, il fallait être surhumain et Brook' adorait cette sensation ultra grisante, d'être utile et efficace. Bon, bien sûr, si Anna la considérait davantage ce serait parfait mais elle avait tellement de respect et d'admiration pour la femme implacable qu'elle était qu'elle ne lui en tenait pas réellement compte. Mine de rien, elle avait gravi rapidement les échelons, preuve que sa boss appréciait un minimum son travail, ce qui était toujours réconfortant. Après s'être affairée maintes fois avec Deena - qu'elle commençait simplement à considérer comme autre chose qu'une ravissante idiote - et l'espèce de sac à patates sur pattes qu'elle préferait oublier, Brooklyn se remit à s'activer à son bureau, consultant son Palm afin de jeter un coup d'oeil expert sur les nombreuses tâches qui l'attendaient. Cependant, elle oublia tout lorsque Anna Cooper fit sa - brève - apparition, bien trop occupée à vérifier que tout était bien parfait. La belle brune remit une mèche rebelle derrière ses oreilles et afficha un sourire professionnel et serein sur son visage, le genre de sourire qui demande un entrainement particulier devant une glace, je vous assure. Elle salua sa supérieure - sans réponse - et s'empressa de faire un signe de tête à Deena peu avenant, accompagné d'un regard noir qui signifiait Range-son-trench-et-plus-vite-que-ça-triple-idiote. Une fois le danger écarté, Brook' se replongea dans son travail, tout en restant aux aguets. D'ailleurs elle sentait la catastrophe imminente. La sonnerie du téléphone ne fit que la confirmer. La jeune femme ne décrocha pas, laissant Deena s'en charger. Cependant les téléphones des assistantes étant reliés, elle mit le haut parleur histoire d'entendre ce qui n'allait pas. Bordel, le café. Elle avait déjà dû le dire cent fois à Deena et à l'autre blondasse has-been. Quelle bande d'incompétentes. Brooklyn prit note du reste des requêtes de Brooke et se leva, interceptant Deena afin de lui dire le fond de sa pensée. Bien entendu, elle l'accompagna jusqu'à l'ascenceur pour s'exprimer, ne voulant pas faire attendre Anna plus longtemps. Comme d'habitude, elle s'exprimait d'une façon claire, jamais de façon hysterique, quoique froide et sans appel. Mieux ne valait pas répliquer.

Deena, est-ce que même apporter un café chaud est trop compliqué pour toi ?! Cesse de te comporter comme une empotée, ce n'est pas uniquement toi qui passe pour une incompétente, mais moi également. Et ça, jene le supporte pas. Alors maintenant dépêche-toi. Tu as intêret d'être ici dans cinq minutes top chrono, même si pour ça tu dois faire un scandale chez Starbucks. Elle ajouta, avant que les portes de l'ascenceur ne se referment Et chaud ne veut pas dire brûlant, les nerfs d'Anna sont déjà assez éprouvés pour TOUTE la journée.

Une fois Deena en bonne voie, dans l'ascenceur, Brooklyn retourna à sa place, d'une démarche gracieuse et assurée, les talons de ses Stilettos claquant sur le sol en marbre. Elle consulta rapidement le Palm et décida d'appeler en premier lieu Kenzo, étant donné que Savannah était genre ultra importante pour Anna, qui arrivait même à remuer terre et mer pour disposer des manuscrits des Harry Potter avant leur sortie, simplement pour sa fille. C'est pour dire. Une, puis deux, puis trois sonneries. Répondeur. La belle brune ne supportait pas les répondeurs, c'était un manque de professionnalisme de ne pas répondre à son téléphone. Elle laissa un bref message expliquant le pourquoi de son appel ainsi que ses coordonnés d'un ton très sobre et professionnel tout en précisant que c'était urgent et en demandant à cette Lauren de la rappeler le plus rapidement possible histoire d'être bien sûre qu'elle fasse correctement son travail. Quant à ce ce crétin fini de Terry, c'était plus problématique, elle avait déjà tenté de le joindre plusieurs fois, en vain et avait finalement eut un mail, qu'elle avait consulté de chez elle, hier soir - oui son boulot ETAIT sa vie. Terry ne travaillerait pas avec Sparkle. Brooklyn comptait bien user de son pouvoir pour faire délivrer le message par la blonde ringarde en esperant qu'elle prenne ses jambes à son cou après avoir essuyé la terreur d'Anna Cooper. Cependant, il fallait la prévenir. Maintenant. Cela voulait dire qu'elle devrait s'y coller. Oups. Défroissant sa jupe crayon Oscar de la renta - même si elle était impeccable - Brooklyn imprima le mail très cordial de ce demeuré congénital et se dirigea vers le bureau de sa supérieure, arrivant en même temps que Deena et son café, priant pour que celui-ci soit parfait et ne brûle pas le divin gosier d'Anna. Elle attendit d'ailleurs que celle-ci le goûe avant de commencer d'un ton poli, courtois et pourtant assuré - sachant qu'Anna méprisait fortement les gens manquant de confiance en eux

La robe de Savannah sera prête à temps. Lauren Cook vous envoie ses amitiés et vous la livrera à votre dimicile, Vendredi au plus tard. Brooklyn s'arrêta un instant et reprit son souffle, avant d'annoncer du ton le plus détaché et à la fois professionnel possible dans le genre je-vous-annonce-une-cata-mais-c'est-pas-grave. Quant à Terry Ridchardson, il a décidé d'annuler sa participation avec Sparkle. Tenez, j'ai reçu ça hier soir. Il ne précise en aucun cas ses motivations par ailleurs.

Brooklyn se retint de dire tout le mal qu'elle pensait de cet impoli sur lequel on ne pouvait compter mais se tut dans un grand élan d'intelligence, préférant faire ses remarques à Deena.

Deena, qui venait à peine de poser le café sur le bureau d'Anna, fut surprise d'entendre la voix agacée de celle-ci au téléphone, se plaignant de la qualité de son café. Hum. D'après les souvenirs de la jeune fille, le café était encore brûlant lorsqu'elle l'avait quitté, mais elle allait garder cette réfléxion pour elle. En tous cas, elle avait intérêt. Elle rangea alors rapidement le trench d'Anna ainsi que son sac là où ils se devaient d'être, ignorant le regard agacé de Brooke - parfaite imitation de celui de sa patronne. La jeune fille se leva alors et se rendit une nouvelle fois à l'ascenceur, appela un chauffeur et lui demanda de l'emmener en vitesse au Starbucks le plus proche, où elle descendit rapidement prendre le café d'Anna. Elle insista d'ailleur sur le fait qu'il soit suffisamment chaud, mais pas trop non plus, et gratifia tout le personnel d'un regard noir qui finit par les convaincre que c'était carrément urgentissime. Une fois son café en main, Deena réfléchit une seconde, puis décida d'en prendre un autre, au cas où l'un d'entre eux refroidirait en route, puis elle remonta en voiture et refit le même parcours jusqu'au bureau d'Anna, sur lequel elle déposa le plus chaud des deux cafés, lorsqu'elle fut rejointe par l'assistante senior d'Anna. Visiblement, celle-ci s'était activée pendant son absence, et elle en était carrément soulagée, étant donné que sa course contre la montre jusqu'au Starbucks l'avait quelque peu épuisée. Elle attendit ensuite la réaction d'Anna face aux déclarations de Brooke. Forcément, s'entendre annoncer qu'un autre idiot avait décidé de lui montrer l'étendue de son incompétence ne devait pas être une partie de plaisir pour le boss, mais Deena s'en fichait éperdument. Elle espérait juste qu'elle n'allait pas se rabattre sur ELLE.

[Message pou-rri, je sais.]

Anna lança un regard massacreur à Deena, qui venait de déposer son café sur l'immense bureau de verre. Elle posa son regard sur Brooklyn, qui avait également fait son apparition, et goûta finalement son café, d'un air totalement indifférent, comme si ce geste ne représentait rien d'autre. La température était quasi-parfaite, mais Anna Cooper ne le fit pas remarquer, et avala une gorgée d'un air impassible. Elle reporta donc son attention sur Brooklyn, et détailla sa tenue. Aucune faute de goût majeur, si ce n'est que le gloss était officiellement out, et qu'elle aurait préféré une touche de rouge à lèvre carmin. Elle continua donc à feuilleter le Woman's Wear Daily, tout en écoutant Brooklyn lui faire sa tirade. Celle-ci marqua une légère pause, ce qu'Anna nota, et leva finalement les yeux au ciel en entendant que ce crétin de Ridchardson avait annulé leur collaboration. Honnêtement, qui de suffisamment censé pouvait se permettre de refuser de travailler avec Sparkle? Elle ferma brusquement le WWD, qu'elle balança dans la poubelle la plus proche, et fixa Brooklyn, comme si elle était Terry Ridchardson en personne.

- J'ai toujours su que Ridchardson n'était qu'un incompétant uniquement motivé par les minettes pré-pubertes qu'il photographie, alors évidemment, travailler avec NOUS, c'est trop lui demander! Sérieusement, si je l'ai embauché, c'est parce qu'il est terriblement "in". Je me fous de son travail ridiculeusement "underground" et de ses clichés soi-disant "trash", je me fous qu'il porte une cagoule de bucheron et que tout le monde trouve ça "hype", je me fous de sa moustache ridicule! Appelez Mario Testino, TOUT DE SUITE, je sais qu'il ne me fera pas faux bond, et je sais qu'il fera un travail remarquable de distinction, pas comme ce crétin de Ridchardson qui croit que tout lui est dû. Personnellement, je le trouve VULGAIRE.

Une fois son monologue terminé, Anna fixa les deux filles du regard histoire de leur signaler qu'elles devaient agir en urgence, et avala une gorgée de café d'un air amer, avant de lui faire son sort et de le balancer à son tour dans la poubelle voisine. Elle n'avait pas besoin de caféine, il lui fallait plutôt de la nicotine. Anna n'était pas une fumeuse dépendante, loin de là, c'était tellement malsain et mauvais. Non, elle n'éprouvait le besoin de fumer que lorsqu'elle était particulièrement énervée, et qu'elle avait les nerfs à vif. Elle attrapa donc le New Yorker, qu'elle commença à lire, et ajouta, sans leur lancer un regard:

- Allez me chercher un paquet de Vogue mentholée light. Vite.

Cooper ne fumait que des Vogue, ironique, non? En effet, c'était les seules cigarettes distinguées et fumables sur le marché. En plus, leur odeur n'était pas trop désagréable. S'il y'avait une chose qu'Anna aborrhait, c'était bien l'odeur du tabac froid. Autant dire qu'une fois qu'elle aurait fumé sa cigarette, il fallait que quelqu'un ouvre grand les fenêtres et qu'elle aille se changer en vitesse. Anna possédait quelques tenues de rechanges dans son bureau, au cas ou, et là, c'était urgent.

- Préparez-moi une tenue de rechange au passage.

Chercher une tenue pour Anna était une épreuve quasi insurmontable. C'était le pire qu'on pouvait demander à une assistante. Elle y risquait presque son poste... Anna avait horreur de se prendre la tête question vêtements, elle avait un goût si précis et si pointilleux qu'il était quasiment impossible de connaître réellement, et elle détestait que quelqu'un fasse des mauvais choix. A vrai dire, même les stylistes über-branchés et pointus de Sparkle ne pouvaient déceler les détails des goûts vestimentaires d'Anna Cooper. La définir côté style n'était pourtant pas compliquée: Elle était élégante, et raffinée en toute circonstances.

Deena savait pertinemment qu'Anna allait bientôt se mettre en colère et, bien heureusement, elle ne repprocha rien à ses assistantes. Cependant, l'écouter monologuer lorsqu'elle était énervée n'avait rien de plaisant en soi, particulièrement lorsque celle-ci vous demandait de préparer une tenue de rechange. Honnêtement, Deena se sentait tout sauf prête à assumer ce genre de tâches. Elle préférait largement laisser à Brooklyn le soin de le faire, plutôt que de se voir remonter les bretelles par son boss. La jeune blonde hocha alors la tête et quitta le bureau sans dire un mot. Comme il était de coutume que ce soit les assistantes junior qui se chargent des courses - ou des corvées, tout dépend du point de vue -, Deena se dit qu'il était équitable qu'elle achète le paquet de cigarettes et que Brooke se démmerde comme elle pouvait pour la tenue. Evidemment, l'assistante senior avait plus d'expérience qu'elle, et elle jugea qu'elle devait savoir quoi faire dans ces cas-là. C'est ainsi que Mlle. Davies reprit l'ascenceur, pour la troisième fois de la journée, appuyant une nouvelle fois sur le bouton rez-de-chaussée. Chaque fois qu'elle y mettait les pieds, elle priait pour qu'il se dépêche un peu plus, mais il ne suffisait visiblement pas d'y croire fort. Bref, une fois au rez-de-chaussée, elle se dépêcha de sortir et se précipita sur le kioske où elle avait l'habitude d'acheter toutes les revues qu'Anna aimait lire. Elle demanda au vendeur deux paquets de Vogue mentholée light, prévoyant d'en garder un pour elle, puis elle vérifia que son briquet Dupont était bien dans sa pochet et en acheta un tout simple, qu'elle comptait garder provisoirement.Elle lui tendit ensuite un billet de 10$ et reprit le chemin du bureau en courrant. Pendant le chemin, elle songea que c'était une chance pour elle de ne pas parler autant que Brooke, sinon elle aurait vraiment été à bout de souffle.

Même trajet. La jeune fille prit l'ascenceur, monta au dernier étage en admirant ses yeux dans la glace puis vérifia une dernière fois qu'elle ne transpirait pas et que ses cheveux étaient toujours en place avant de s'élancer au bureau d'Anna de sa démarche la plus détachée possible. Elle lui déposa le paquet de cigarettes sur le bureau, ainsi que son briquet Dupont. Elle ne l'avait encore jamais utilisé, mais honnêtement, elle pouvait s'en acheter un autre quand bon lui semblait. Il lui semblait donc plus urgent de troquer le sien contre ce qui ressemblait à son avenir au sein de Sparkle. Elle tourna ensuite les talons et se rendit à son bureau, jetant un regard à Brooke qui s'affairait à trouver LA tenue parfaite. Deena fut un instant tentée de lui jeter un regard malsain, mais elle s'en retint à temps, préférant agir en parfaite experte qu'elle était. Elle décrocha alors le téléphone et composa le numéro de Mario Testino, avec lequel elle parla pendant quelques secondes à peine. Il était d'ors et déjà enthousiasmé à l'idée de travailler avec Anna Cooper. Elle s'apprêta à le lui annoncer en personne, mais, songeant qu'elle devait être en train de fumer et qu'elle ne voudrait pas être dérangée, elle préféra noter ça sur le bulletin, sur lequel elle jetait un coup d'oeil toutes les cinq minutes. Cependant, comme elle n'était pas tout à fait sûre de ce qu'elle faisait, elle préféra s'adressa à Brooke :

- Mario a confirmé pour la séance photo. Je le note sur le bulletin ou je le lui dis en personne ?

Espérant que l'assistante senior n'allait pas, encore une fois, lui administrer ce regard agacé qui lui était caractéristique, Deena attendit sa réponse en la fixant des yeux.

Brooklyn se tenait toujours bien drôle, arborant un air très distingué avec un port de tête très aristocratique, grâce à ses années de danse classique. Si tout en elle montrait une élégance certaine et qu'un air serein émanait de son être, c'était parce qu'elle était une très bonne comédienne, qui avait appris à ne pas trop se fier à ses nerfs, depuis qu'elle travaillait ici. Parce qu'interieurement, la jeune femme était beaucoup plus vulnérable, attendant la tornade Cooper. Bien sûr, elle ne le montrait jamais: Mme Cooper ne travaillait pas avec des petites souris ridicules. Elle voulait des félins. Le regard que sa supérieure posa sur elle en disait long, très long. Elle allait l'égorger sur place avec ses compensés et quand ce serait fait, elle recommencera juste histoire d'être bien sûre d'en avoir fait de la bouillie. Cependant les traits de la belle brune ne changèrent pas d'un pouce, attendant simplement la déferlante. Qui ne vint pas. Ou plutôt si, mais non pas sur incompétence - après tout, qu'y pouvait-elle si Terry était un crétin fini - mais sur cet enfoiré de photographe qui en prit sur son grade. Bien fait. Evidemment, tous ceux qu'Anna descendait en flèche ne méritaient pas un millième de son attention. D'ailleurs Brook' se félicita interieurement d'avoir retenu son vénin sur le photographe étant donné que le cas échéant, Anna Cooper n'aurait pas pu se libérer en le faisant elle même. Elle se contenta d'hocher la tête à sa demande concernant Mario d'un air professionnel et concerné. De toute manière il était évident qu'elle ETAIT concernée. Son job était sa vie, qu'on se le dise. Elle ne sacrifiait pas sa vie amoureuse dans le vent. Et puis travailler ici avait tellement d'avantages ! Brooklyn savait qu'après ça, elle pourrait être engagée de partout. De plus, elle était reconnue dans le milieu et invitée à chaque gala de bienfaisance ou autre vernissage, non pas uniquement parce qu'elle était une "fille de gouverneur" ce qui était, mine de rien, réellement valorisant.

Vous aurez l'approbation de Mario dans les plus bref délais, ne vous en faites pas pour ça.

Cependant lorsque Anna demanda une cigarette, Brook' se rendit compte qu'elle était pasablement agacée. En effet, au fil du temps, elle avait fini par esquisser une infime partie de la personnalité plus que complexe de sa supérieure et savait qu'elle ne fumait qu'en état d'urgence ou presque. La jeune pensa qu'au retour au bureau elle allait réunir très rapidement les assistantes afin de les briefer pour éviter qu'une autre catastrophe du genre café froid arrive avant la fin de la journée, au risque que les nerfs de Mme Cooper en pâtissent, ce qui aurait un effet désastreux sur tout le monde. A la limite si c'était sur les rédacteurs, maquettistes ou ce que vous voulez elle s'en fichait éperdumment, mais si le courroux de la blonde impitoyable s'écrasait sur elle, c' était autre chose. Même sur la blondasse sans style, cela aurait été une catastrophe, parce que même si elle tentait de l'oublier et même d'éviter de la regarder, cette fille était sous ses ordres et lorsque Anna déplorait son incapacité, c'était la sienne qui était mise en cause également, ce qui était tout bonnement inadmissible. Brooklyn ne se dévouait pas coeur et âme pour qu'une petite paysanne du New-Jersey ou de n'importe quel autre trou perdu mette tout en péril. La belle brune jeta un regard à Deena qui se hâta d'aller chercher des cigarettes, soulagée que celle-ci prenne enfin une initiative sans qu'elle ait besoin de la lui quémander. Parfait en somme. Enfin, moins médiocre qu'à l'accoutumée. Oui Brook' était plutôt avare en compliments, sauf considérant Anna sur laquelle elle ne tarissait pas d'éloge, même si l'estime et le respect étaient loin d'être réciproques. Tant pis. La jeune femme était légèrement dans ses pensées, même si son regard était toujours fixé sur Anna Cooper. Cependant la dernière phrase de celle-ci lui fit l'effet d'une gifle. Mon dieu, elle voulait une tenue de rechange. Elle savait très bien qu'il n'y avait rien de plus difficile à faire que de lui offrir une tenue de rechange.

Je m'en occupe tout de suite.

Lâcha simplement et posément Brooklyn avant de faire volte-face gracieusement, ayant limite l'impression d'avancer dans le couloir de la mort. Une idée géniale. Il lui fallait une idée géniale. Elle savait que sa supérieure aimait les tenues élégantes, raffinées et sophistiquées mais en même temps Anna était très complexe et de toute manière trouverait toujours un défaut à une tenue qu'elle n'avait pas choisie elle même, elle le savait parfaitement. Alors qu'elle cherchait mentalement la tenue parfaite - tout en se dirigeant droit vers l'étage reservé aux stylistes - Brooklyn se fit intercepter par Deena. Elle était sous pression là, ce n'était nettement pas le moment. Elle leva donc les yeux au ciel à la remarque de l'assistante junior et se contenta de répondre d'un ton à la fois lassé et condescendant, comme si elle s'adressait à une petite fille désobéissante. xD

Deena, pour la enième fois, on ne dérange pas Anna Cooper lorsqu'elle se détend en possession d'une Vogue. A moins que Deena veuille vraiment s'attirer son courroux, ce qui était peut être le cas, uniquement pour l'agacer. Sous aucun pretexte ! Ce sont ses seules minutes de détente, sois un peu compréhensive... Par contre il serait préferable que tu confirmes en personne pour Mario, après le refus de Terry, une bonne nouvelle ne ferait pas de mal. Et par pitié, regarde tes mails plus régulièrement, je t'en ai envoyé en URGENCE hier soir et évidemment, pas de réponse....

Sans lui accorder un autre regard, Brooklyn s'engouffra rapidement dans l'ascenceur et partit à la recherche d'une autre persone compétente au style irréprochable histoire de limiter les dégâts parce que deux avis valent mieux qu'un. Si elle aurait préféré s'entretenir avec Elie qui était discret et plutot malléable - voire manipulable - Devon Anderson, accessoirement le plus colérique et excessif était le plus sûr en matière d'urgence ou même de catastrophe - même si il ne pouvait malheureusement rien faire pour rendre Scarlett potable. Voilà pourquoi c'est vers lui qu'elle arriva on ne peut plus rapidement, ses talons claquant en rythme sur le sol en marbre. A sa tête, il perçut tout de suite l'urgence et ne se perdit pas en mondainités inutiles et s'avança avec un air inspiré vers le dressing d'Anna où se trouvait en permanence quelques tenues, comme pour la plupart des employés - importants cela va de soi. Brook' consultait sa montre toutes les deux secondes et demi et fut soulagée en voyant qu'elle était rapide et efficace. Parfait. Entre deux coups d'oeil, elle fit la moue devant un pantalon ressemblant trait pour trait à celui qu'elle arborait en entrant. Non. Berk, ce chemisier faisait secrétaire bas de gamme. Comment ça c'était un Valentino ?! Mais elle s'en fichait eperdumment ! Valentino ou Monoprix il n'en restait pas minable. Après seulement 4 minutes et 32 secondes la tenue était fin prête, sobre et classe. Aucune faute de gout lui sautait aux yeux, genre un tailleur Versace fushia. Peut être que le sautoir Chanel était de trop... Mais ce n'était pas catastrophique. Brooklyn remonta aussi rapidement qu'elle était venue en prenant soin de ne pas déplier son trésor et - avant d'entrer dans le bureau d'Anna - prit bien soin d'attendre qu'elle ait écrasé sa divine cigarette. Une fois que cela fut fait, elle se contenta de ne pas l'importuner, déposant la tenue et la saluant d'un sourire courtois et poli, avant de se remettre au travail, ce qui pressait bien sûr.

[Désolée pour les pavés mais ce sujet m'inspire xD]

Anna ne lança aucun regard à Brooklyn lorsqu'elle lui confirma qu'elle aller s'occuper du cas de Mario Testino. Elle attrapa le paquet de Vogue posé sur son bureau, inspecta le Dupont en argent, et alluma finalement la longue et fine cigarette, se déléctant de son goût mentholé. Elle allongea ses longes jambes, et regarda quelques instants à travers la baie vitrée. Son bureau était idéalement situé, et offrait une vue imprenable sur la skyline. Rien de mieux pour se détendre que de fumer une cigarette en regardant l'océan. Elle profita du calme ponctuel pour fermer les yeux deux secondes, et se perdit presque dans ses pensées. Le moment fut de courte durée, puisqu'Anna se souvint qu'elle avait promis de rappeler Karl Lagerfeld à propos d'une soirée ultra-privée qu'il organisait dans un club new-yorkais branché. Elle saisit donc son téléphone portable, véritable petit bijou de technologie, et composa le numéro du couturier, avec qui elle papota quelques instants.
Bien sûr, Brooklyn ne trouva rien de mieux que de rentrer dans le bureau pile au moment où elle comptait converser tranquillement avec Karl. Décidement, elles ne faisaient rien en accord avec ce qu'Anna espérait. Elle lança un regard noir à son assistante, jeta un bref coup d'oeil à la pile de vêtements posée sur le bureau, et reprit sa conversation sans adresser un seul remerciement à son assistante. Et après tout, cela n'avait rien d'exceptionnel. Les assistantes de Mme Cooper savaient pertinemment qu'elles ne devaient pas s'attendre à une quelconque démonstration de considération de la part de leur patronne, et puis quoi encore? Espérer un remerciement de la part d'Anna Cooper était comme compter obtenir un Birkin en croco au mois d'octobre - où les listes d'attentes étaient les plus longues.
Elle raccrocha finalement le téléphone, et s'apprêtait à écraser sa cigarette dans un cendrier lorsqu'elle remarqua qu'il n'y en avait pas. Elle avait été trop naïve de croire que le travail serait parfaitement fait. Encore une fois, Davies n'avait fait son boulot que partiellement - à croire qu'elle le faisait exprès. Cooper se leva, furax, et écrasa machinalement sa cigarette dans le verre en cristal qui lui servait à boire de l'eau, avant de se diriger vers le bureau des assistantes:

- Dona! Vociféra-t-elle telle une furie. Est-ce que ça vous arrive de faire votre correctement votre travail? Vous comptiez que j'écrase ma cigarette sur mon chemisier Prada peut-être? A défaut d'un cendrier, elle a terminé dans le verre en cristal à 300 dollars qu'Anna Wintour m'a envoyé pour Noël. Allez nettoyer tout ça.

Anna fit demi-tour, et retourna dans son bureau pour aller inspecter en détail la tenue que Brooklyn lui avait confectionnée. Tant qu'à faire une nouvelle crise de nerfs, autant que tout se succède. Elle déplia donc le pantalon et le chemisier: pas de souci majeur. Anna arqua un sourcil à la vue du sautoir Chanel, et soupira finalement, avant de revenir vers le bureau des assistantes, d'un air dépassé.

- Ecoutez Brooklyn, confectionner une tenue complète, ce n'est tout de même pas sorcier. Est-ce que vous avez une explication au fait qu'il n'y ait pas de chaussures? D'ailleurs, je me fiche que vous en ayez une. Est-ce que vous espériez que je remette celles que je porte, ou que je me balade pied nus...? Oh, et puis, ce sautoir est très laid, jetez-le, ou donnez le à cette ringarde de Scarlett.

Elle n'évoqua pas le reste, ce qui signifiait que chemisier et pantalons correpondaient aux attentes de Cooper. Evidemment, elle n'allait certainement pas lui faire la remarque. Anna mettait en évidence les problèmes, jamais les bons points. Elle lança un regard significatif à Brooklyn, afin de lui faire comprendre qu'elle devait se débrouiller pour répondre aux dernières requêtes de Mme Cooper, et retourna dans son bureau, claquant la porte sans même y porter garde. Quand allait-elle enfin pouvoir être tranquille...

Deena croyait qu’Anna n’aurait plus eu besoin d’elle, étant donné que les cigarettes et le briquet qu’elle lui avait apportés devaient sans aucun doute correspondre à ses attentes, mais évidemment, il avait fallu qu’elle oublie le cendrier. Il faut dire aussi qu’elle n’en utilisait presque jamais, vu que la majorité du temps où elle fumait, c’était dans la rue. La jeune fille se contentait donc d’écraser les restes de nicotine de ses Gauloises dans la rue. Mais elle avait oublié, une fois de plus, qu’il ne s’agissait pas d’elle mais d’Anna Cooper, et avec elle, la moindre des choses nécessitait les efforts d’une équipe de foot réunie, en comptant l’entraîneur et les remplaçants. Quoiqu’il en soit, il fallait maintenant réparer les dégâts de son étourderie. Deena se leva alors de son siège, se dirigea posément vers le bureau de la papesse de la mode et prit délicatement le verre en question, puis décida d’en profiter pour lui annoncer que Mario avait confirmé. Après tout, ça la calmerait peut-être d’entendre de bonnes nouvelles… Hum.

- A propos, Mario a accepté l’offre de Sparkle. Il passera dans la semaine - probablement jeudi matin - afin de signer le contrat.

Deena ne pouvait jamais être sûre de la validité de l’emploi du temps d’Anna Cooper, étant donné qu’il était en continuel changement. Les invitations affluaient toute la journée, et il fallait sans cesse annuler ou repporter un quelconque rendez-vous pour laisser de la place à un autre, jugé plus important ou tout simplement plus intéressant. Pour l’instant, il n’y avait rien de programmé pour le jeudi en question, et, au pire, elle téléphonerait une nouvelle fois au photographe pour l’informer du changement de date. Mais la question n’était plus là. La jeune blonde se rappela le fameux cendrier - inexistant - et jugea que la tâche qui l’attendait, bien qu’elle ne fût pas très glorieuse, avait tout d’une mission de la plus haute importance. Elle tira donc sa révérence et se dirigea dare-dare vers l’ascenceur – encore ! –, cette fois pour aller direction les cuisines de la cafétéria, où elle demanderait à un membre du personnel de laver le triste verre avec du San Pellegrino s’il le fallait, jusqu’à ce que tout ce qui pouvait rappeler les cendres de cigarettes soit estompé. Non, pas estompé : supprimé. Et c’est ce qu’elle fit. Heureusement, les cuisiniers et autres sous-chefs avaient l’habitude des demandes quelque peu insolites d’Anna, ou plus souvent de ses assistantes, et ils s’exécutèrent sur-le-champ. Après quelques minutes – trois pour être exacte –, le verre était redevenu comme neuf. Deena le renifla quand même pour s’en assurer, et, bien heureusement, l’odeur du tabac s’était complètement évaporée, remplacée à présent par une odeur qui rappelait celle des fragrances françaises. La jeune blonde haussa un sourcil soupçonneux, mais au moins, ça avait le mérite de ne pas puer le détergent typiquement américain. Elle les remercia alors d’un sourire et se pressa pour retrouver son poste. Elle n’était pas épuisée – du moins, pas encore – mais elle n’appréciait pas particulièrement les aller-retours qu’elle effectuait toutes les cinq minutes.

Bref, elle pénétra à nouveau dans le bureau d’Anna et déposa le verre à l’endroit où il s’était trouvé, cinq minutes auparavant, remerciant le ciel d’avoir doté Sparkle d’un si bon personnel. D’autres auraient tout simplement oublié de l’essuyer soigneusement, et elle aurait été contrainte d’expliquer à Anna d’où provenaient certaines tâches sur son bureau, mais non. Ils étaient tout bonnement parfaits. Elle retourna ensuite à son bureau et consulta ses e-mails, comme le lui avait si gentimment demandé Brook’. Hum. Effectivement, les messages non-lus clignotaient au nombre de cinq, et avaient tous été envoyés successivement. Honnêtement, elle aurait pu faire l’effort de les regrouper dans le même e-mail, mais non. Evidemment.