Un moment calme. (libre)

Octave n'était pas ici depuis des lustres, à peine 2 ou 3 mois, mais il se permettait tout de même l'affront suprême vis-à-vis du boss : oser venir dans la salle de repos. La pièce portait bien son nom d'ailleurs, il n'y avait presque jamais personne, c'était donc en effet très reposant. Octave aurait presque pu s'enfiler un ou deux rails confortablement installé dans le divan que personne n'aurait rien vu. Presque, parce que bon, il restait la caméra de surveillance. Mais de toute façon, aujourd'hui, ça ne le tentait pas, il était d'assez bonne humeur naturellement pour se passer de stupéfiants.

Octave se servit un café, c'était surtout pour l'odeur, le goût lui-même, il n'en était pas fan. Il revint s'asseoir dans le canapé, attrapa la télécommande et zappa sur la chaîne mode, celle où l'on pouvait voir 24h/24 les défilés des plus grands créateurs. Par chance, c'était justement un défilé de Jeremy Scott qui passait actuellement. Jeremy était un des créateurs favoris d'Octave, malgré tout, il coupa le son. Tout ce qu'il voulait, c'était une image d'ambiance, il n'était pas venu ici pour faire le légume devant la télévision. Non, il était venu ici pour travailler, et ouais. Après tout, son boulot consistait à parler de bouquins, il fallait donc qu'il lise, et la salle de repos semblait particulièrement appropriée à cette activité. Octave sortit donc de son sac en bandouillère (un tout chic, cuir noir avec un simple YSL en argent) un livre de Frédéric Beigbeder, son auteur préféré.

Il faut bien l'avouer, malgré toute la bonne volonté d'Octave, il ne pouvait s'empêcher d'avoir le regard attiré par le poste de télé. Toutes ces jeunes filles à peine formées qui défilaient, souvent peu vêtues .. Il imaginait les phrases qu'il pourrait leurs dirent au petit matin, en rentrant d'une soirée arrosée. Elle qui aurait un maquillage défait, mais toujours si jolie, lui qui aurait la chemise à moitié ouverte, mais toujours si lui-même.

C'est ainsi qu'Octave opta pour l'arrêt immédiat de la télé, pour replonger dans son bouquin. Mais ce matin, c'était dur, il n'arrivait pas à rentrer dans l'histoire, il voulait discuter. Il priait intérieurement pour que quelqu'un vienne le déranger.

La salle de repos... A vrai dire, Brooklyn n'y avait jamais mis les pieds. Pas le temps. Ou alors elle ne prenait pas le temps. Quoiqu'après mûre reflexion, elle n'avait réellement pas le temps, croulant en permanence sous une dose de travail monumentale. Pourtant, elle adorait être sous pression, ça avait quelque chose de stimulant. Et puis c'était super bon pour l'égo de se sentir utile, même si, je vous rassure, son égo s'était toujours plus que très bien porté. Bref, la belle brune n'avait vu la salle de repos que deux fois dans sa vie: la première lorsqu'on lui avait fait visiter les locaux de Sparkle. La seconde fois lorsqu'elle avait fait visiter les locaux à Deena, l'assistante junior. Pas très reluisant tout ça. Mais bon, elle ne pouvait tout de même pas décemment jouer la parfaite working-girl overbookée et venir se prélasser pendant ses heures de travail dans ce lieu de débauche. Notez que dans cette phrase débauche est égal à relaxation, mot qui lui était quasi inconnu. Mais bon, aujourd'hui allait être une exception à la règle: il était 18heures, Anna Cooper - son supérieur - avait quitté les locaux et elle avait terminé sa dose de travail pour la journée ou presque. Mais bon, Brook' ne voulait pas rentrer tout de suite chez elle, elle n'avait rien à y faire à cette heure-ci, préferant rentrer uniquement pour ressortir le soir. La jeune femme s'empara donc d'un dossier à éplucher afin d'avancer Anna et s'avança vers la salle de repos, faisant resonner les talons aiguilles de ses divines Louboutin sur le sol, marquant sa démarche assurée. Si ses pas prenaient la direction de la salle de repos, c'était pour travailler. Oui, paradoxal je sais. Et plus encore: la brunette avait besoin d'un café. C'était vital. Brooklyn dormait trop peu, se couchant tard et se levant tôt la plupart du temps et le café et son divin anti-cernes YSL étaient ce qui l'aidaient à garder apparence humaine. En plus d'un métabolisme fort généreux envers sa parfaite personne, cela va sans dire. La belle déboula dans la salle de repos, son eternel petit air arrogant plaqué sur son visage faussement angélique. Elle jeta un très rapide inquisiteur au garçon qui se prélassait tout en lisant un livre, sans rien ajouter, avant de se diriger rapidement vers la machine à café, pressée de déguster la boisson salvatrice. Brook' se serait presque laissée aller à fumer une Vogue mais préfera s'abstenir de le faire dans les locaux de Sparkle. Ca ferait mauvais genre et son boss n'apprécierait guère, soyez-en sûrs. Une fois son café en main, la jeune femme se laissa choir gracieusement sur un fauteuil et croisa gracieusement ses jambes fines, tirant légèrement sur sa jupe Chanel, avant de porter le café noir à ses lèvres pulpeuse. Une gorgée. Puis deux. Putain, ce que ça faisait du bien...

[Nulissime j'avoue. 'Me rattraperai ^^ Bonne nuiiiit]

Octave fut une nouvelle fois distrait de sa lecture, pourtant divine. Ce coup-ci, ce n'était pas un défilé sur écran plasma, mais un défilé en solo en real life. Une jeune femme entra, et il est vrai qu'elle aurait pu rejoindre les rangs des mannequins ultra sexy. Il fut amusé de voir sur son visage cet air hautain, c'était typiquement la fille sûre d'elle, qui n'ose pas perdre son temps (c'est pourtant très agréable), et qui n'admet pas qu'on puisse sourire, même innocemment, à un inconnu. Une fille comme il y-en avait à la pelle dans ce milieu en fait.

Le livre ouvert dans les mains, le regard d'Octave suivait pourtant les courbes de la jeune femme. C'était charmant, surtout lorsqu'elle se pencha légèrement pour prend son café. Une fois celle-ci assise, il replongea son regard dans le bouquin et lâcha simplement, d'un ton neutre, "Vous ne seriez pas Brooklyn Russell ?". Après tout, c'était quand même l'assistante senior du big boss, normal qu'il en aie entendu parler. Mais il n'avait pas encore eu l'occasion de la croiser ..

Brooklyn jeta un léger regard agacé - son favori, je l'avoue - à la caméra de surveillance, étant persuadée que c'était un coup de la brillante et implacable Anna Cooper. Une façon ultra vicieuse de dire à ses employés... "Reposez-vous, je vous suuuurveille". Comme si on pouvait réellement se reposer en sa présence. C'était tout bonnement un aller simple pour l'ANPE, voire pire. UNE RETROGADATION. Voilà pourquoi la belle brune n'y mettait jamais, jamais les pieds. Elle avait gravi les échelons rapidement, et ce n'était pas pour retomber. La chute serait bien trop douloureuse. Ou honteuse, au choix. Bref, elle avait apporté avec elle le fameux book de Sparkle, un colis des plus précieux qu'elle prendrait soin de déposer chez Cooper avant de rentrer chez elle. Sans se faire remarquer de préférence, mais également sans oublier de saluer Savannah, qui semblait - et cela relevait du miracle - l'apprécier. Mais bon, Brook' ne faisait pas copine-copine avec elle, hors de question de passer pour une post-ado totalement immature alors qu'elle était une jeune femme élégante et raffinée. Bref, être à sa place étant certes grisant mais il fallait toujours rester sur ses gardes et ne rien considérer comme un acquis, chose peu aisée lorsque - comme elle - on a été habitué à tout avoir sur un plateau d'argent, dès son plus jeune âge. Brooklyn porta à nouveau son café à ses lèvres et finit par jeter un autre coup d'oeil - moins galcial cette fois - au garçon qui venait de lui adresser la parole. Tout de suite, il lui paraissait plus sympathique: il savait qui elle était. Evidemment pour elle - pour qui être reconnue était le summum de la gloire - cette phrase avait un impact fou et remontait considérablement son humeur de la journée. D'excrécrable, elle n'était plus qu'agacée. Un progrès vous dis-je. D'ailleurs si Brooklyn aimait tant son boulot c'était que c'était le seul milieu dans lequel elle était reconnue pour elle même et non pas pour son statut de "fille de". Ouais, vivre à Miami avait été sympa, mais malgré ses brillants résultats à l'université et sa personnalité fascinante, elle n'était "que" la-fille-du-gouverneur-de-Floride. Gnagnagna. Bientôt elle serait à la tête du pays. Bien fait. Tout compte fait, la belle brune avait bien fait de baisouiller avec le collègue de son père - ce n'était pas de sa faute si malgré son âge il étai terriblement sexy et qu'à l'époque, elle n'avait pas un travail à faire passer avant tout le reste. Celui-ci s'était mis hors de lui et cela avait été la raison la poussant à quitter la Floride. Ce qui n'avait été que bénéfique par ailleurs. Hum, elle était légèrement ailleurs en fait. Brook' reposa donc son café sur une petite table terriblement design et s'empara du fameux book qu'elle posa délicatement sur ses genoux - comme si il était horriblement fragile - avant de reporter ses yeux noisettes sur son interlocteur, qu'elle ne connaisait absolument pas. A vrai dire, elle était proche d'Anna et de ses assistantes ou de cette salope de Hoper mais c'était tout. Les seuls rédacteurs qu'elle connaissait étaient ceux sur qui Anna pestait continuellement, les plus anciens donc, étant donné que leurs noms étaient revenus maintes et maintes fois. C'est pourquoi la jeune femme répondit d'un ton pas vraiment très agréable, mais c'était naturel chez elle, elle ne le faisait même pas exprès et d'une façon délicieusement détachée en même temps:

Si, c'est bien moi. Et vous êtes... ? Je ne crois pas vous avoir déjà croisé.

Evidemment, elle était trop occupée pour rencontrer des employés. Elle ne faisait que les croiser, que cela soit clair.

Toutes ces manières pour prendre soin du book, c'était mignon, Octave se disait que la jeune fille devait avoir un esprit maternel refoulé. Ou alors c'était juste son imagination .. lui et sa manie d'analyser et d'imaginer la vie de tout l'monde hein .. Mais c'était plus fort que lui, les manies et habitudes des gens, c'était une des choses les plus charmante qui soit. Il chassa pourtant vite ces pensées de son esprit et répéta intérieurement 'non, je suis superficiel, un point c'est tout, arrête'.

Octave reposa le livre sur ses genoux, et sourit légèrement à Brooklyn, pour lui répondre le plus simplement du monde "Moi c'est Octave Wilcox, rédacteur littéraire et pourtant pas trop pompeux." Il jugeait nécessaire de le préciser, repensant à certains ex-collègues, les personnes les plus chiantes du monde qui, parce qu'ils appartiennent au monde des lettres, se sentent obligés d'agir comme des premiers de classes ultra sérieux, total chiants.

"Je suis relativement nouveau ici, mais si vous n'avez pas entendu parler de moi, je pense que je dois me remettre en question .." Octave disait tout ceci d'un ton à la fois grâve et léger.

Brooklyn mourrait d'envie de jeter un simple coup d'oeil au book, même si elle l'avait déjà fait au moins 6 - voire 7 fois en étant honnête - depuis qu'elle l'avait. Mais bon, la belle brune avait une fâcheuse tendance à l'exigeance. D'une telle façon d'ailleurs, que c'était bien souvent poussé à l'extrême, comme son obsession pour la perfection, sous toutes ses formes. Une espèce de Bree en plus canon, et également moins dérangée. Mais bon, ce n'était tout de même pas sa faute si elle mettait un véritable point d'honneur à ce que chaque chose soit telle qu'elle l'avait décidé, n'est-ce pas ? Il n'y avait pas de mal à ça d'ailleurs. Du moins, pas de son avis. Après tout, on avait rien sans s'en donner les moyens n'est-ce pas ?! Bon d'accord, cette théorie ne s'était pas réellement appliquée à elle étant donné qu'elle avait eu presque tout ce qu'elle désirait et en avait grandement profité jusuq'à ce qu'elle découvre le dur monde du travail. Et pourtant, contrairement à la majorité des gens elle trouvait le travail super excitant. Bref, la belle ne succomba pas à la tentation du book et se contenta d'apposer simplement sa main droite dessus, ornée d'une très belle bague en or blanc, le genre de bagues que l'on pouvait offrir pour des fiançailles. Comme si elle, elle avait une tête à se fiancer ?! Qui disait fiancailles disait mariage et qui disait mariage disait cage dorée. Hors de question qu'on l'emprisonne. La jeune femme était libre et indépendante et comptait le rester encore longtemps. Mais bon, si elle avait jeté le garçon trognon en question, Brooklyn avait eu beaucoup de peine pour la splendide bague qui avait eu l'air carrément faite pour elle. Cela aurait été cruel de la priver de son doigt n'est-ce pas ?! Bref, elle releva la tête en entendant Oscar et sourit légèrement à sa remarque. Il n'avait pas tort. Pour elle, les rédacteurs littéraire étaient, avec les photographes trop en vue, les pires spécimens de la race humaine et surtout les plus insupportables avec qui collaborer, toujours selon sa Bible aka Anna Cooper. Elle était parfaitement d'accord avec elle par ailleurs. Ils avaient la fâcheuse tendance à prendre un air inspiré, à se croire au-dessus de tout et à vous prendre pour une espèce de potiche abonnée absente de la culture. Foutaises. Vous croyez peut être qu'elle était arrivée là grâce à son jolis minois ?! Et bien NON, NON et re NON. Voilà, c'est plus clair mainenant ?! Bref, bien qu'elle avait une fâcheuse tendance à l'arrogance et à l'égocentrisme, elle ne supportait pas ces caractéristiques chez les autres, qui ne le valaient pas mieux qu'elle, évidemment.

Pas trop pompeux ?! Vous êtes une exception au métier alors, et c'est tant mieux. Je ne supporte pas ces espèces de désaxés se croyant au-dessus de tout, simplement parce qu'il leur arrive de lire. Il faudrait peut être qu'ils regardent autour d'eux et qu'ils se rendent compte que oh miracle, ils ne sont pas les seuls à le faire et qu'accessoirement, ils ne détiennent pas le monopole de la culture.

Hum, oui, Brooklyn n'avait pas sa langue dans la poche, sauf en présence de sa supérieure, par question de décence. Mais elle un avis bien arrêté sur chaque chose et cela n'était pas prêt de changer. Oh et bien évidemment, elle avait raison, n'essayez même pas de l'en dissuader. Enfin, du moins si vous tenez à votre vie. [Mode mafieuse on xD] De plus, la plupart du tout, ses jugements étaient tout à fait pertinents, ce qui faisaient rager les jaloux, les envieux, les blasés, les rabat-joie et d'autres catégories de personnes aussi peu fréquentables soit dit en passant. La jeune femme passa avec dexterité la main dans sa crinière brune, tentant d'y remettre d el'ordre, même si objectivement parlant, rien n'était plus en place que sa coiffure. Mais rien à y faire, étant une eternelle insatisfaite, la belle y décelait toujours l'ombre d'une mèche rebelle, par exemple. A la seconde phrase du garçon, elle eut clairement un sourire amusé, même si celui-ci ne durat que fort peu longtemps, jusqu'à ce qu'elle se reprenne, en fait.

En fait la plupart du temps, j'entends parler de ce qui ne va pas. Alors vous devriez plutôt être flatté.

Octave ne s'attendait pas spécialement à une réaction si vive de la part d'une fille au visage si doux, mais son raisonnement par contre, ne l'étonna pas. "Ce que je n'aime pas chez mes collègues, c'est qu'en toute circonstances, ils restent critiques littéraires, ils se sentent obligé de garder ce rôle sous peine d'être décrédibilisés. Ce ne sont plus des humains, ce sont des académiciens chiants. C'est d'ailleurs fort étrange,.. par exemple, moi, si je lis un bouquin parlant de débauche, ça me donne envie de faire pareil plutôt que d'écrire une thèse à ce sujet. Les critiques doivent être extrêmement frustrés .." Cette dernière phrase fut lâchée comme un soupir, il leva même les yeux aux ciels pour bien signifier qu'il trouvait cela affligeant.

Octave se souvint de son café, en train de refroidir sur la table. Sans trop y réfléchir, il l'attrapa pour le boire cul sec. Il fesait toujours ça lorsqu'une boisson ne lui plaisait pas, histoire d'en finir rapidement. Mieux vaut garder son temps pour des choses agréables.

La dernière réflexion de Brooklyn l'attrista un peu, même si ce n'était pas du tout le but recherché, il expliqua que "Je préfère pourtant être de ceux qu'on n'aime pas mais dont on parle, plutôt que l'inverse .. L'indifférence, c'est ce qu'il y a de pire."

Brooklyn trouvait son analyse fine et pertinente, bien qu'elle pouvait, en fait, s'élargir à la plupart des gens bossant dans ce milieu. Le redacteur déco ne se gênait pas pour inspecter votre interieur avec un dédain non dissimulé comme si lui, avait LE goût en matière de mobilier et qu'il détenait la science infuse, ce qui était tout bonnement impossible. Et les stylistes, parlons-en. Chaque jour, ils détaillaient votre tenue de haut en bas et la jeune femme percevait bien le regard déçu de Devon si il ne pouvait pas émettre ne serait-ce qu'une petite critique sur sa tenue pourtant irréprochable. Elle travaillait ici depuis assez longtemps maintenant pour éviter les fautes de goût. De toute manière, l'élégance chez elle, c'était inné. Et ce n'était même pas de sa faute. Après tout ele n'avait eu qu'à conjuguer deux choses: son admiration pour les muses des 50's et des 60's + prendre sa vulgo de chirurgienne esthétique de mère en parfait contre-exemple. De toute manière, comment une femme qui se vantait de la quantité de graisse qu'elle pouvait vous retirer en une seule opération pouvait-elle être classe ?! C'était tout bonnement impossible. Et encore, cette grande blonde péroxydée avait eu de la chance d'officier dans une ville exubérante telle que Miami, parce que Brooklyn doutait fort que les familles très WASP et etriquées de la Grosse Pomme prennent bien ses remarques réellement déplacées. Bref, tout ça pour dire que les critiques, de toutes spécialités confondues, étaient des sales cons. Du moins de son point de vue. Par contre, conecernant leur frustration, la jeune femme riait légèrement jaune. Après tout, qui dans ce milieu n'était pas frustré ?! On ne pouvait pas associer une vie professionnelle épanouie avec une vie personnelle qui l'était tout autant, elle en était le parfait exemple. Sinon, elle ne se serait jamais eloignée du mannequin canon qui lui faisait office de petit ami. Mais la belle avait fini par décreter que le jeune homme - aussi charmant soit il - empietait d'une façon inexcusable sur sa vie professionnelle, outrance suprême. Il fallait donc que cela cesse. Bien sûr, Brooklyn ne comptait pas exposer sa théorie à Octave, elle ne le connaissait pas assez pour commencer à exposer sa vie aux yeux de tous et de toute manière, elle était bien trop professionnelle et distante pour cela, qu'on se le dise. Un parfait petit robot Sparkle en somme.

Qui n'est pas frustré dans ce métier de toute façon ?! Il y arrive un moment où il faut faire des choix, tout simplement. Mais pour en revenir aux critiques, je crois que c'est général. Amenez un des chroniqueurs déco' ne serait-ce que 5 minutes chezvous, vous allez voir le résultat. Et ne parlons pas des stylistes, toujours en train de vous jauger, attendant la moindre faut de style mineure pour vous la lancer en pleine figure. La jeune femme esquissa une petite moue méprisante, comme pour montrer comment tout ce cinéma l'agaçait au plus haut point et finit par hausser les épaules, lâchant de son habituel ton désinvolte et distant De toute manière, trop de critiques dénaturent l'oeuvre, quelle qu'elle soit. C'est comme ces personnes ultra prétencieuses qui prétendent avoir "lu entre les lignes" chez les auteurs Classiques. C'est si facile de leur faire dire n'importe quoi, simplement parce qu'ils ne sont plus là pour contester.

Hum, oui, elle était légèrement impulsive et avait tendance à partir au quart de tour lorsqu'elle n'était pas d'accord, c'est à dire la plupart du temps. Mais bon, Brooklyn assumait tout ce qu'elle disait, là n'était pas le problème. De toute manière, elle n'était pas faite pour être une potiche agréable et souriante et ce n'était pas demain la veille qu'elle serait réduite à ce rôle. Elle but à son tour une gorgée de son café, sans pour imiter Octave et le finir - et écouta la seconde réplique du garçon. Là, elle n'était pas d'accord. Elle, elle préferait nettement faire un bon travail et rester plus en retrait - bien qu'elle ne l'était jamais, dans son poste - que l'on parle d'elle pour évoquer sa pseudo médiocrité. De plus, octave n'avait pas l'air de comprendre qu'Anna était particulièrement avare en compliments et que pour elle, l'indifférence était une façon de dire qu'elle approuvait. Enfin peut être. Brooklyn avait toujours la prétention de penser connaître un minimum sa supérieure et du moins de la comprendre. Même si bien sûr, cela ne devait pas être le cas. Mais bon, laissez lui cet espoir. D'ailleurs, Octave ne devait pas non plus savoir que lorsque Anna n'aimait pas quelqu'un et en parlait, cela la mettait en rogne et que par conséquent les personnes les plus proches étaient les premières à subir son courroux. Genre, elle en somme.

Je ne fonctionne pas comme ça. Je suppose que c'est à cause de mon perfectionnisme exacerbé. Mais le temps que mon travail est de qualité, je me fiche que l'on parle de moi. Ou non.

» Working is a way of life <3 [Libre de chez libre]
» Regarde tranquillement les photos... [libre]